En réaction face au rationalisme matérialiste des philosophes et encyclopédistes du siècle des Lumières, l'illuminisme apparait au XVIII é siècle comme un courant
philosophique et religieux, une vision spirituelle de l'homme dans sa place assignée dans l'univers, une sensibilité et un spiritualisme qui affirme la primauté de l'esprit sur la matière. La
recherche de la pure lumière invisible, de retrouver son origine divine éclipsée par la chute de l'homme dans la matière doit permettre à l'homme de réaffirmer son identité, sa
spiritualité.
L'illuminisme est un véritable courant théosophique de cette époque, inspiré des écrits de Jakob Bohme, de Plotin et des néoplatoniciens, regroupe des initiés de toutes confessions comme Martinez de Pasqually, théosophe et fondateur des Elus-Cohens qui prétendaient entrer en communication avec les esprits angéliques et Emmanuel Swedenborg qui, né en 1688, scientifique suédois reconnu de son époque, entre à l'âge de 56 ans dans une phase spirituelle par l'entremise des rêves, de visions mystiques dans lesquelles il affirme pouvoir communiquer avec des anges, des esprits, visiter le paradis et l'enfer en communicant avec Dieu et Jésus-Christ. Ses connaissances, ses théories scientifiques le font apparaître à son époque comme un scientifique précurseur et qui lui valurent renommée et honneurs. Il renonça aux sciences profanes pour se consacrer à l'exploration et description du monde spirituel. Il pense expliquer avec toute la rigueur de sa formation scientifique les relations entre matière et esprit et se met à la recherche du siège de l'âme en disséquant le cerveau mais sans résultats.
En 1743, il a sa première expérience mystique : " J'ai été appelé à une fonction sacrée par le seigneur lui-même qui s'est manifesté en personne devant moi, son serviteur. Il m'a ouvert la vue pour que je vois dans le monde spirituel". Selon lui, le monde spirituel et le monde surnaturel s'entremêlent. Le ciel et l'enfer ne sont pas des récompenses ou des punitions mais des états librement choisis. Le ciel est un lieu de travail, d'altruisme et d'empathie. L'enfer est le règne de l'individualisme, de la haine, de la méfiance, de la poursuite du pouvoir. La personne haineuse est avide de quitter le ciel avec effroi pour retourner en enfer. Il accorde une grande place à l'amour tant spirituel que physique: " L'amour métaphysique dépasse de beaucoup l'amour physique. Le premier n'est donné qu'à ceux et celles qui se réunissent pour une union des âmes pour compléter l'union des corps."
Autre penseur de ce courant, Louis-Claude de Saint-Martin qui pour lui, l'homme qui joue un rôle essentiel dans le plan divin est capable de collaborer avec le créateur et de transfigurer sa propre nature : " Dieu a crée la matière pour arrêter la course à l'abîme de l'homme et lui donner un monde où il a encore une chance de se racheter."
Tous ces philosophes et spiritualistes ont eu pour admirateurs les poètes romantiques allemands : Goethe et Schiller, le peintre et poète anglais William Blake, le philosophe von Baader, les écrivains Balzac, Chateaubriand ou encore Kant.
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